« … Les Chantiers, surtout en ces premiers temps, n’étaient pas une prison commode.

Le jour, si on voulait s’asseoir, il fallait que ce fût à terre ; les bancs ne vinrent que longtemps après ; ceux de la cour furent mis à propos, je crois, de nos photographies par Appert, photographies vendues à l’étranger et illustrant un volume historique où elles furent gravées avec cette légende : pétroleuses et femmes chantantes, nos noms de chaque côté étaient sur celles d’Appert rassurant notre famille … »

Louise Michel, Commune, Stock, Paris, 1898, p. 305

 

 

D’abord peintre, Ernest Charles Eugène Appert devint photographe d’hommes politiques. Apparemment indifférent à leur appartenance, il figea de la même façon des républicains d’extrême gauche et des orléanistes convaincus.

Grâce aux excellentes relations qu’il entretenait avec la Justice, il put photographier les Communards, détenus à Versailles et à Satory. On lui doit des photomontages d’exécutions d’otages, commandes faites par les réactionnaires de M. Thiers.

Il put ainsi éditer des cartes postales, vendues chez les commerçants, avant que celles-ci ne furent retirées, tant leur succès fût grand auprès du peuple parisien.

 

Son protocole était simple: les images des pétroleuses et des femmes chantantes ne disent rien des conditions très dures de leur détention. Sur un fond blanc, de trois quarts, regardant l’opérateur ou laissant glisser leur regard vers l’extérieur, elles se tiennent assises, les bras croisés.

Catherine Tambrun, du musée Carnavalet, a remarqué qu’elles se sont apprêtées pour la séance de photo. Elles sont coiffées, habillées au mieux, et se sont parfois échangé bijoux, ceintures ou chemisiers.

 

La Commune est une série de dessins de ces femmes. Il y a aussi un grand format de communards fusillés, et une copie d’un portrait de madame Thiers réalisé par Jean Auguste Dominique Ingres.